Beaucoup de gens aspirent à une époque plus simple où notre nourriture était exempte de « chemikillz ». Il est facile de supposer que les cultures cultivées à la main – soi-disant sans utilisation d’engrais ni de pesticides – sont plus sûres. La réalité est plus compliquée.

Les pesticides utilisés il y a 100 ans étaient carrément nocifs

Tout le monde a entendu parler du DDT. C'était un tueur miraculeux lorsqu'il est apparu dans les années 1940, pour ensuite être complètement interdit quelques décennies après s'être révélé très toxique et cancérigène. Le DDT n’était cependant pas le premier pesticide. C'était un substitut à l'arséniate de plomb, car il était plus efficace et moins toxique. À ce jour, certains vergers sont contaminés par des niveaux de plomb et d’arsenic 50 fois supérieurs aux niveaux considérés comme sûrs et provenant de pesticides à base d’arséniate de plomb. Le sulfate de nicotine était également utilisé à cette époque. Bien que hautement toxique, il ne persiste pas dans l'environnement. La roténone provient des racines de plusieurs plantes tropicales et est efficace pour lutter contre les insectes. Bien qu’il ne soit pas dangereux pour l’homme, il est extrêmement toxique pour les poissons.

Les produits chimiques naturels peuvent aussi être dangereux

Les cultures peuvent être contaminées par des moisissures. Ceux-ci peuvent être pathogènes ou se développer sur la culture après la récolte. Ces moisissures produisent des mycotoxines, le terme est très large puisqu'il existe un grand nombre de produits chimiques provenant d'un grand nombre d'espèces. Leurs symptômes peuvent varier considérablement, depuis de simples maux d'estomac jusqu'à la mort. C'est toujours un problème à l'époque moderne, mais une alimentation variée et un meilleur dépistage des aliments contaminés ont rendu les intoxications moins fréquentes que par le passé.

Une meilleure compréhension de la toxicologie et de la sélection végétale a permis d’éliminer plusieurs composés toxiques des plantes grâce à la génétique. L'amygdaline est un composé cyanuré présent dans les graines de fruits à noyau. Les amandes sont une variété de pêche dont les graines sont consommées et il était donc nécessaire de produire des variétés présentant de faibles niveaux d'amygdaline afin d'avoir un produit sûr. De même, les pommes de terre contiennent un alcaloïde toxique, la solanine, dont il faut tenir compte lorsqu'une nouvelle variété est mise sur le marché.

*Saviez-vous?*

L'ergot est un champignon parasite qui infecte les grains de seigle et produit un alcaloïde très similaire au LSD. Les épidémies constituaient un énorme problème au Moyen Âge et les empoisonnements causés par des céréales infectées étaient monnaie courante. Il existe des spéculations selon lesquelles l'hystérie provoquée par la sorcellerie, courante à cette époque, était un sous-produit d'hallucinations résultant d'un empoisonnement à l'ergot de seigle.

L'engrais dérivé des déchets animaux peut contenir des agents pathogènes

Pendant des millénaires, les options en matière d’engrais ont été extrêmement limitées ; des cendres provenant de la combustion du bois, des scories comme sous-produit du travail du fer, quelques minéraux comme le calcaire et bien sûr du fumier. Les humains ont une aversion naturelle pour le fumier et pour cause, car il peut contenir un certain nombre d'agents pathogènes tels que Salmonella, E. coli , Campylobacter jejuni , Vibrio cholerae , ainsi qu'un certain nombre de parasites et de virus. Il est facile pour les cultures vivrières d'être contaminées par ces agents pathogènes si elles sont cultivées dans un sol contenant du fumier. Les cultures telles que la laitue, qui sont situées au ras du sol, sont particulièrement sensibles car de la terre contaminée peut pénétrer dans la plante.

À l’ère moderne, le fumier est encore utilisé dans une certaine mesure, mais il est généralement d’abord composté, ce qui signifie que la température augmente considérablement pendant la décomposition, ce qui aide à contrôler le nombre d’agents pathogènes. Cette méthode n’est cependant pas infaillible.

*Saviez-vous?*

L’un des premiers engrais industriels à grande échelle était la farine d’os dérivée du bison. Les animaux ont été abattus et la plupart des carcasses ont été laissées pourrir là où ils sont morts. Quelques années plus tard, les colons récupéraient les os et les expédiaient vers des usines de l'est de l'Amérique du Nord où ils étaient broyés puis revendus aux colons comme engrais.

Un stock d'os de buffle, en attente de traitement.
Un stock d'os de buffle, en attente de traitement.

Les dangers de l’érosion des sols

Bien que ce point ne soit pas directement lié à la consommation d’aliments contaminés comme les précédents, ces pratiques du passé ont eu un effet très significatif sur la santé de millions de personnes.

Avant les herbicides modernes, le seul moyen de lutter contre les mauvaises herbes était de labourer le sol. Un agriculteur peut faire pousser des cultures sur une parcelle de terre pendant 2 ou 3 ans, puis la mettre hors production pendant un an et travailler le sol afin que la population de mauvaises herbes ne devienne pas incontrôlable. Dans les années 1930, une sécheresse majeure a frappé et, sans aucune végétation pour maintenir le sol en place, il a été emporté dans l'atmosphère. La poussière qui en a résulté a soufflé sur tout le continent nord-américain, les régions les plus touchées se trouvant dans les Grandes Plaines, où l'érosion était la plus étendue. La poussière a provoqué des maladies des voies respiratoires et la dégradation de l'environnement dans son ensemble a contribué à la malnutrition générale car les récoltes allaient échouer. Finalement, de meilleures méthodes de conservation des sols ont été mises en œuvre et aujourd'hui, une méthode de travail minimum du sol est utilisée, ce qui érode très peu le sol.

Ce blog est centré sur la nutrition des plantes et je ne veux donc pas m'aventurer trop loin dans d'autres directions, mais brièvement, il y a un certain nombre d'autres points qui pourraient être discutés en dehors de ce domaine d'étude.

  • Une meilleure conservation des aliments entraîne moins d’intoxications alimentaires, notamment lorsqu’il s’agit de produits laitiers.
  • Moins de détérioration grâce à la réfrigération.
  • Une alimentation plus variée se traduit par une meilleure nutrition globale.

En bref, la nourriture de l’ère moderne n’est pas parfaite. Il existe toujours une contamination par des produits chimiques dangereux (comme la contamination à la mélamine dans les préparations pour nourrissons chinoises) et par des bactéries pathogènes. Cependant, l’approvisionnement alimentaire est bien plus sûr qu’il y a 100 ans.